L’église

L’Eglise Saint Jean-Baptiste, Situation et visites

 

 

« C’est à des moines bénédictins que nous devons sans doute la belle église romane de Manses dédiée à Saint Jean-Baptiste ».
L’église située au centre du village surplombe la place du 14 juillet dont elle est séparée par la D 50. Elle est bordée au nord par le Parc de l’ancien château, aménagé pour le repos, le picnic, les jeux d’enfants, le terrain de boules… La rue de l’église et la rue Saint Jean desservent la mairie et une dizaine d’habitations.
L’église recèle un extraordinaire et imposant vitrail horizontal éclairant la croisée du transept, ainsi que des témoignages de l’histoire du village à laquelle elle a contribué avec la famille des Contes de Porte de Pardailhan dont le château a été démoli et déplacé dans la commune voisine de Teilhet.
Elle est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques (arrêté du 8/10/1992).

Comme la plupart des églises de villages aujourd’hui, elle est fermée, mais les visites sont possibles soit le lundi après-midi pendant la permanence de la mairie située juste en face de 14h00 à 16h00 soit sur rendez-vous à prendre de préférence un ou deux jours à l’avance auprès de Martine Saubat 06 44 16 05 83 ou Gérard De Vangel 09 61 37 05 46.

Description jules lahondes– PDF


Présentation et Histoire

L’église Saint Jean Baptiste de Manses date très certainement de la fin du 11ème  ou du début du 12ème siècle puisqu’on trouve trace d’une donation faite en 1115 par Bertrand de Lapenne pour cette église. Elle a été construite par les moines bénédictins dépendant de l’Abbaye de Montolieu, diocèse de Carcassonne.
Elle a été surélevée à deux reprises pour atteindre sa structure actuelle. Au début du 20ième siècle une sacristie s’appuyait sur la façade nord ; elle a été laissée à l’abandon et déconstruite pour des raisons de sécurité il y a une vingtaine d’années.
Pendant l’existence du château des Comtes de Portes, un accès direct leur était réservé sur le mur Nord dont la trace est toujours visible de l’intérieur comme de l’extérieur et permettait à la famille du comte d’accéder directement au banc marquisal.
Entre 1858 et 1867, des travaux importants furent entrepris notamment les ouvertures de l’abside centrale et des deux chapelles latérales et les vitraux latéraux ont été créés et posés en 1860 par le maître verrier Gesta de Toulouse. Les deux autels de Sainte Marie et Saint Roch ont été édifiés à cette période à l’initiative de la municipalité, du conseil de fabrique (relevant de l’évêché) et de quelques donateurs privés dont la famille du Comte de Portes.
C’est à cette même époque que l’actuel clocher a été édifié ; deux des cloches sont datées de 1863 et 1866, la troisième plus ancienne date probablement de l’origine de l’église ; la date n’est plus visible.
La famille de Portes de Pardailhan a vécu dans le château de Portes (à Manses) de 1747 à la fin du 19ème siècle, date à laquelle le château a été démoli, les matériaux  déplacés et un nouveau château reconstruit à Teilhet. Les deux derniers fils du marquis et de la marquise de Portes (Adèle Gordon-Hutton, américaine) firent ériger le grand vitrail horizontal, en hommage à leurs parents et en don à l’église.
Ce vitrail monumental est l’œuvre de Ferdinand Hucher, fils du célèbre maître verrier Eugène Hucher, du Carmel du Mans. Il est daté de 1894 et représente en huit médaillons la vie de Saint Jean Baptiste, le neuvième médaillon représente les armoiries et la dédicace de la famille de Portes.
L’église a énormément souffert de l’humidité et nécessitait des travaux importants de restauration extérieurs et intérieurs.
Pour aider la municipalité à financer ces travaux, une association a été créée en 2004 dont le but est de recueillir des financements privés ; elle a obtenu le label de la Fondation du patrimoine. Sous l’impulsion de sa présidente Gabrielle Cambus, l’Aréma organise des manifestations culturelles (concerts, expositions de peintures d’artistes locaux) dont la recette alimente le budget des travaux sous maîtrise d’œuvre communale.


L’Eglise Saint Jean-Baptiste, Les dommages du temps

En 2003, l’église Saint Jean-Baptiste présentait de nombreux dommages extérieurs et intérieurs résultant de l’absence d’entretien et de l’humidité. L’architecte des bâtiments de France consulté début 2004 par la municipalité sur l’opportunité d’engager des travaux avait d’ailleurs écrit que c’était « tout à fait nécessaire pour conserver la surélévation des absides qui est actuellement en terre et qui souffre avec des risques d’effondrement ».

La municipalité, propriétaire de l’édifice, dont les ressources fiscales et les dotations publiques suffisent à peine pour financer les travaux d’entretien régulier de la voirie, décide alors de faire appel à la générosité des habitants, et plus largement de tous ceux qui connaissent et aiment l’église Saint Jean-Baptiste. Pour cela il faut une association loi de 1901.

Le 31 janvier 2004, une l’association est créée : l’Aréma (Association pour la Rénovation de l’Eglise de Manses), animée par une équipe formée de Gabrielle Cambus, Gérard De Vangel, Jean Graf et Solange Ferrand. L’Aréma depuis lors organise sans discontinuer de nombreuses activités festives, culturelles, fait imprimer des cartes postales du vitrail et de l’église, etc. etc. Les recettes alimentent un fonds dédié à Manses à la Fondation du Patrimoine qui abonde également, quand elle le peut, les sommes déposées. Une convention tripartite mairie, Aréma, Fondation du patrimoine, permet aux donateurs privés de bénéficier de reçus fiscaux.


L’Eglise Saint Jean-Baptiste, Grands travaux du XIXème siècle

 

 

Ils comprennent l’adjonction d’un clocher, de fenêtres dans la nef, le transept et les absides,  avec pose de vitraux par le maître verrier toulousain Louis Victor Gesta ; la mise en place d’une chaire en terre cuite.

Deux autels ont été placés dans les absidioles dédiées à Saint Roch et à la Vierge Marie.
Un banc seigneurial a été installé dans le transept nord, pour la famille de Portes. Celle-ci, depuis le château, entrait dans l’église, grâce à une porte réservée à son seul usage.

Une verrière octogonale offre l’originalité d’être placée horizontalement à la croisée du transept, sa superficie est de 32m².Elle retrace autour  des armoiries des comtes de Portes, le cycle de la vie de Saint Jean Baptiste, patron de la paroisse.

Le comte Henri de Portes la fit ériger en 1894, à la mémoire de ses parents, le marquis Paul François Thomas de Portes et la marquise Adèle Hutton. Elle est l’œuvre de Ferdinand Hucher, maître verrier de la prestigieuse  manufacture de vitraux, du carmel du Mans.


L’Eglise Saint Jean-Baptiste, Les travaux contemporains

Depuis 2004, la municipalité de Manses, entrée dans une phase active de restauration a fait réaliser tous les travaux extérieurs nécessaires à la mise « hors d’eau » de l’édifice:

le drainage au pied du mur nord et la réfection de l’enduit de ce mur ;

la restauration de la maçonnerie du chevet et des enduits ;

la restauration des vitraux latéraux et de la verrière du transept ;

la réfection de la façade sud ;

la réfection de la toiture, du clocher et de la flèche et sa plomberie ;

le remplacement de l’horloge et de son cadran ;

le remplacement du portail de menuiserie à l’identique.

Pendant les 6 ans qu’ont duré ces travaux (engagés en 2005 et achevés par le portail en 2011) la municipalité a également fait restaurer deux tableaux :

la copie de la Piéta de Charles Lebrun (musée du Louvre) réalisée par Henri Grenaud en 1857 et donnée à la commune par l’empereur Napoléon III ;

la Crucifixion, une œuvre signée G. de Portes.


L’Eglise Saint Jean-Baptiste,Le dallage et l’éclairage

 

 

La première tranche de travaux de restauration de l’intérieur de l’église devait se réaliser au début de l’année 2015… Las ! Les procédures administratives et l’obligation de fouilles archéologiques préventives ont retardé de presque une année le début du chantier. Et il a fallu batailler ferme pour que les fouilles se réalisent en décembre 2015. Les travaux de préparation du sol réalisés par l’entreprise Beillas ont donc démarré immédiatement après …
L’entreprise Ferrand et Fils a été choisie pour réaliser le dallage avec des carreaux de terre cuite à l’ancienne, provenant de la briqueterie Barthe à Gratens (31). Le choix a été difficile parmi la variété des carreaux, en formes, en tailles, en couleurs et en traitements de surface. Une visite de Simone Verdier  et Gabrielle Cambus à la briqueterie a même été nécessaire pour valider le choix de ces carreaux. L’entreprise a fait beaucoup d’efforts pour les aller retours de livraisons… Et le traitement des carreaux une fois posés a été un lavage au lait de vache entier !
L’entreprise Carol Sébastien (meilleur ouvrier de France) a été retenue pour la réfection de l’installation électrique et la mise en éclairage de l’Église. Les gaines pour le passage des câbles  ont été installées sous le dallage de la nef, et pour le choix des éclairages aussi il a fallu de multiples essais de jour et de nuit !

Mais le résultat est à la hauteur des espérances de la municipalité et de l’Aréma… et du budget consenti, près de 80.000 € TTC ! Les travaux, supervisés par l’architecte Barthélémy DUMONS, ont été terminés en Mai 2016. Comme pour toutes les tranches de travaux précédentes de la restauration de l’église, le financement a été effectué avec des subventions de l’État (DETR), de la Région et du Département et un reste à charge de la commune. Ce dernier a été largement soulagé par les souscriptions recueillies par l’AREMA et gérées par la Fondation du Patrimoine.

Rappelons que tout don à l’Aréma ouvre droit à une réduction d’impôt de 66 % de son montant. Et il nous permet de réaliser ces travaux… Grand merci pour votre générosité !


L’Eglise Saint Jean-Baptiste, Un vitrail original

Commanditée par François-Henri de Portes en 1894, à la mémoire de ses parents, ce vitrail octogonal de grandes dimensions étonne par sa position horizontale à la croisée du transept et par l’origine de son fabriquant.

Alors qu’à cette époque les ateliers Gesta de Toulouse diffusent abondamment dans la région, la commande est passée dans la Sarthe, à Ferdinand Hucher, fils du maître verrier Eugène Hucher, de la fabrique du Carmel du Mans. Il est représentatif de la technique de ce verrier du dernier quart du 19ème siècle. Sa signature est située sous le pied gauche du Christ dans le médaillon central. Le cartonnier (celui qui dessine le vitrail avant réalisation) n’est pas identifié, mais on sait qu’Eugène Hucher travaillait beaucoup au Mans avec Maurice Küchelbecker.

L’iconographie de ce vitrail est la vie de Saint Jean-Baptiste représentée sur 8 des 9 médaillons, le 9ème représentant les armoiries de la famille de Portes avec la dédicace du fils Henri François Maurice Comte de Portes, décédé en 1929. Le tout est inséré dans des rinceaux de feuilles d’acanthe.

Ce qui le rend unique en France et probablement en Europe, c’est que ayant la taille d’une rosace de cathédrale, il est posé horizontalement alors que tous les vitraux de cette taille sont généralement verticaux. Sa position à la croisée du transept conditionne sa forme octogonale.

Avec 32 m² de surface et un diamètre de 7 mètres, il est constitué de quelques 140 pièces élémentaires posées sur la structure métallique qui le supporte, elle-même en appui sur les murs à la croisée du transept et suspendue à la charpente de l’église. Son poids total est de l’ordre de 250 kilogrammes. Le vitrail est situé à 12 mètres du sol. Le puits entre la verrière de protection et le vitrail fait à peu près 3 mètres de hauteur.

Il est éclairé, et protégé à la fois, par une verrière en matériau translucide et résistant aux chocs et aux intempéries. La protection fut très abîmée par l’épisode de grêle du 16 avril 2007, et le vitrail légèrement touché. C’est ce qui a justifié qu’il soit remis en état en 2008 par le maître verrier Pierre Rivière de Saint Jean de Verges.

Les photos du diaporama, prises en partie dans les ateliers Pierre Rivière montrent la qualité extraordinaire de ce vitrail.