Manses autrefois

Le moulin Des Bessous

Le  moulin des Bessous, propriété de la famille Senesse, est en parfait état de marche malgré ses 160 années d’âge.

C’est en 1855 que Jean Bousquier, maçon charpentier aux Gascous, commune de Mirepoix sollicite l’autorisation de construire un moulin à farine sur le ruisseau des Bessous au lieu dit Le Peychou. Jean Bousquier,( 1818 – 1889) né à Villautou épouse en 1845 Jeanne Peyrot, (1828 – 1871) domiciliée chez ses parents « Aux Bessous du Haut » commune de Mirepoix.

Jeanne est la fille de Marianne Biart et de Jean Basile Peyrot, agriculteur, propriétaire, qui vend en 1855 une pièce de terre labourable à son gendre, située au lieu dit Al Pount. Cette pièce de terre, d’une contenance d’environ cinq ares, est située « comme confrontant, du Levant, le grand chemin de Mirepoix à Salles, du Midi le ruisseau de Siguier, du Couchant le ruisseau Des Bessous et du Nord le Pont d’Augé »

Dès l’acquisition effective de l’emplacement, Jean Bousquier engage les démarches administratives auprès de la préfecture de l’Ariège et après enquêtes, visites des lieux, rapports de Messieurs les Ingénieurs des Ponts et Chaussées et de Messieurs les Ingénieurs du Service Hydraulique, l’arrêté de la Préfecture de l’Ariège d’avril 1856 stipule : « Le sieur Bousquier Jean est autorisé à établir une usine destinée à la mouture des grains sur une dérivation du ruisseau des Bessous »

Le moulin, bâtiment de pierre, de terre et de chaux abrite les meules en silex, circulaires, d’un diamètre de 1,40 m. Elles sont posées horizontalement. La meule du bas, fixe, est appelée « dormante », celle du haut est animée d’un mouvement rotatif, elle est appelée «tournante». Au dessus la trémie reçoit le grain à moudre et le fait tomber dans un auget à tête de cheval. La mouture est ensuite tamisée pour séparer la farine du son.

Trois générations de meuniers se succèdent pour moudre dans ce moulin : blé, orge, maïs, sarrasin, avoine et complètent cette activité par les métiers du bois avec l’installation d’une scierie à grumes, marque « Guilliet et fils Auxerre, » scierie à ruban « col de cygne » pour scier poutres, chevrons… Le moulin est actionné par une turbine à eau horizontale de « type Fontaine ». Pour suppléer au manque d’eau un vieux moteur diésel, monocylindre, marque « Vendeuvre », au ronflement saccadé, reconnaissable entre tous, entraine à la demande le moulin ou la scierie.

Il subsiste encore sur la colline de Scié les ruines d’un ancien moulin à vent problablement complémentaire du moulin à eau, mais à ce sujet les recherches restent à faire.

Trois enfants du premier meunier prennent le métier de charpentier, à Lafage, à Villautou, à Plaigne et deux prennent celui de meunier, François à Villautou et Jean Baptiste dit Basile (1846 – 1918) qui succède à son père Aux Bessous. Basile et son épouse Françoise Taillefer, ont trois enfants, Albert, Madeleine et Elie. C’est Elie (1876 – 1955), resté sans descendance qui transmet le moulin familial à sa sœur Madeleine épouse de Jules Cassignol, propriétaire cultivateur aux Bessous commune de Manses.

La lignée des meuniers s’arrête momentanément, Madeleine transmets le moulin à sa fille Simone, épouse d’Adrien Senesse et le moulin, sans tomber dans l’oubli, ne s’active qu’accessoirement pour les besoins de la ferme. Adrien n’est pas du métier, le moulin s’endort ensuite pour quelques années jusqu’à ce que Simone cède le moulin à son fils Robert dit Raymond et que le moulin revive !

Raymond et Gisèle Senesse, aidés de leurs enfants, s’activent depuis, pour redonner toute sa superbe au vieux moulin. Aujourd’hui, Christophe Senesse prend la relève de son père et tous deux font fonctionner le moulin tous les ans pour la journée  du Patrimoine de Pays, et sur demande pour des visites de groupe.

Histoire transmise par Simone Cassignol, mère de Raymond, avant qu’elle ne disparaisse.

A.C.


L’eau dans le village

Jusqu’à l’installation du réseau d’eau potable, l’eau a toujours été un problème à Manses car les sources se tarissaient en été.
Il y avait trois pompes dans le village : une rue du Barry, une devant l’église, une dans la rue du Moulin, plus le bassin devant la salle des fêtes qui servait aussi à abreuver les animaux.

Ces trois pompes sont alimentées par des canalisations en terre cuite. L’eau captée au dessus de « Vergnes » alimentait d’abord un réservoir d’eau au dessus du village (au dessus de chez Jean Tolosa) pour ensuite être distribué  sur les 3 pompes. Cette installation complexe et couteuse avait été réalisée  par le marquis de Portes à l afin du XIX ème siècle…mais par temps de sécheresse,  l’eau ne coulait plus que goutte à goutte. Il fallait faire la queue aux pompes, et patienter pour remplir les seaux d’eau nécessaires au ménage (4 seaux d’eau par jour et par foyer). Les rares puits dans les jardins étaient aussi à sec (un puits dans le jardin du presbytère, devenu le jardin de Marie Rose, un autre puits dans le jardin des Beltran)

C’était le même problème pour abreuver les bêtes. Il y avait des vaches, des ânes, des bœufs dans chaque maison, et il fallait les faire boire une fois par jour hiver comme été. On imagine les bouses partout dans les rues du village… Les rues étaient nettoyées une fois par an pour la fête du village. A cette occasion, les bêtes faisaient le tour par en haut pour aller boire au ruisseau  pour ne pas salir les ures pendant la durée de la fête. Honte au cultivateur qui ne respectait pas cette tradition !

Il n’y avait pas -bien sûr- de WC dans les maisons , on utilisait un seau de toilette en fer blanc émaillé qu’on allait vider tous les matins au fond des jardins.

On imagine la fête qu’a été l’arrivée de l’eau courante à Manses. C’était à la fin des années 1960, Pour les femmes surtout ce fut une libération avec la fin d’une corvée quotidienne.

D’autant plus qu’elle permettait aussi l’arrivée d’un élément clef pour la libération de la femme : la machine à laver le linge.

Quelques bricoleurs de génie avait anticipé cette révolution ménagère en installant une machine à laver faite maison pour leur épouse. Ainsi François Sanchez en 1966 avait bricolé une machine semi automatique  alimentée par gravité par une cuve remplie en pompant l’eau du puits du jardin d’à coté, et chauffée ensuite avec une bouteille de gaz butane.

C’était le progrès qui arrivait à Manses !


Le bâton du boulanger

Autrefois (dans les années 1950 /1960) il y avait beaucoup de commerçants ambulants qui passaient dans le village :

  • 3 boulangers
  • 3 épiciers
  • 1 poissonnier et 1 boucher

Bien sûr il y avait tous les commerces et le marché du lundi à Mirepoix…Mais hormis le vélo, peu de moyens de déplacement : les charrettes à cheval ont disparu, remplacées par seulement 2 voitures à Manses.
Il n’y avait pas d’épicerie à Manses ; Marinette Perrier tenait juste un tabac à côté de la mairie,  et s’occupait aussi de la cabine téléphonique à l’entrée de la mairie. Il y avait une autre cabine téléphonique aux Bessous.
A l’époque chaque famille  payait le boulanger une fois par an. Pour noter le pain acheté, rien de plus simple : un bâton !
Ou plutôt deux bâtons, un pour le boulanger, un pour le client : à chaque achat de pain, chacun faisait autant d’encoche  que de pain acheté sur le bâton.
On comptabilisait les encoches à la fin de l’année (à l’époque chacun avait un bon couteau dans sa poche !)


Le café de Manses, une histoire de femmes

Installées autour de la table avec un café fumant entre les mains, chacune d’entre elles se remémore une époque révolue, se questionnent pour savoir si l’autre se souvient. « Tante Aurélie est arrivée du Havre après avoir perdu son mari, un marin. Etant veuve d’un militaire, elle a obtenu le droit de tenir un café qui faisait également office de bureau  de tabac, d’épicerie, de mercerie, et de  restaurant. Oh ! Il n’y avait pas grand-chose mais c’était l’essentiel, des pâtes, du sucre, etc.… Puis c’est la grand-mère qui a repris le café pour le laisser enfin à maman pendant la seconde guerre mondiale. A l’époque, il n’y avait pas d’argent, les hommes travaillaient aux champs ce qui permettait de renflouer. Le café ne rapportait pas grand chose. Les gens payaient à crédit et les hommes venaient surtout pour jouer aux cartes et ne consommaient pas grand chose. En fait, les affaires ont bien tourné pendant la guerre avec les pensionnaires et les allemands qui campaient à la Mondonne. Après la guerre, ce sont les ouvriers de l’exploitation forestière de la forêt de la Belène qui venaient manger au café. Le restaurant se situait à l’étage. Les gens se retrouvaient autour de la potée aux choux ou le fameux ragoût ». (Silence)

Il semble que le temps vient de s’arrêter pour se retrouver comme par le passé autour d’un verre de vin chaud avec l’oncle d’Adrien Pesteil  jouant  à la belote à coté…

« Il y avait un autre café à l’époque qui se situait en haut du village. Il était tenu par Madame Gouze. C’est vrai qu’en 1910 Manses comptait 700 habitants. Il a fermé au début des années 40. Le nôtre a fermé dix ans après. »

A 90 ans, Elise BARDOU vit toujours à Manses. Après sa tante, puis sa mère, elle a tenu le café d’en bas de Manses mais ses souvenirs deviennent flous, effaçant si on n’y  prend pas garde, un bout d’histoire locale. Le café d’en bas était bien une histoire de femme et il le reste puisque Yvette et Renée sont les dernières dans la famille à détenir la clé de nombreuses anecdoctes.


La Foire au troc de Manses

La célèbre “Foire au troc” de Manses fut instituée en 1974, en souvenir de la très ancienne foire aux ânes qui avait lieu traditionnellement le 8 Octobre. Cette foire au troc connut un succès énorme qui dépassa de loin le cadre du canton, attirant des milliers de visiteurs.

Au programme, tracteurs et machines agricoles d’occasion présentés par des particuliers et par tous les concessionnaires du coin, brocante, foire aux chevaux, poneys, bovins, volailles… et même chiens, multiples étalages, manège, promenade à cheval, groupe folklorique et une mounjetado réunissant jusqu’à 400 convives, servie par les habitants du village!

On a peine à imaginer le succès de cette manifestation et le dynamisme et l’implication de l’équipe organisatrice autour du maire de l’époque Marcel MARVIELLE : Guy FERNANDEZ, Robert FOURTALIN, Jean MARIS, Ulysse ANDRIEU, Jules GIRET…en faisaient partie.
Cette foire perdura jusque dans les années 1980.